Marc Binazzi a écrit:Personnellement je trouve cette livrée très seyante. Il faudrait envoyer ces pisse-froid de la SNCF en stage sur certains réseaux étrangers (Grande Bretagne par exemple) où on voit circuler des machines bariolées!

Tu mélanges plusieurs logiques, en ajoutant une insulte dont tu aurais pu te dispenser.
La logique commerciale
Cela fait quelques décennies que l’on a vu apparaître toute sorte de livrées. Sans parler des EF étrangères, on a toutes les décos des matériels utilisés par SNCF Voyageurs, plus toutes les décos demandées par les régions pour les TER. De plus, ces pelliculages ne durent jamais très longtemps. Allez, on va faire croire aux clients qu’on leur vend un nouveau produit, un nouveau service ou une nouvelle formule. Et zou un nouveau pelliculage pour accompagner la nouvelle formule. « Nouveau » « Nouveauté » ce sont les mots clés de tout publicitaire depuis la moitié des années 1940 aux USA et depuis la fin des années 1950 en France. Et ça marche très bien.
Est-ce que les commerciaux de la SNCF sont plus réticents aux « bariolages » que les britanniques ? Je ne me pose même pas cette question. La question que je me pose est : à quoi servent ces « bariolages » ? A vendre un service ou un produit. Pour cela, il faut taper dans l’œil des clients, faut déranger ou choquer pour se faire remarquer dans la gamme des produits et des services. En misant sur les émotions des clients potentiels et non pas sur leurs capacités d’analyse. Et en avant les couleurs vives et flashy. Non parce que ce serait joli, mais parce que ça attire l’œil. Les marketeux utilisent des fonctions physiologiques étudiées par des spécialistes du cerveau humain (effet des couleurs sur le cerveau). De la même manière, on vend des jouets aux enfants avec des couleurs vives et flashy : rouge, jaune et bleu. C’est le monde des marketeux, c’est de la logique commerciale. Ce n’est pas du modernisme, c’est d’abord une question d’argent.
La logique de la préservation du matériel
Si tu vas dans un musée ferroviaire, tu trouveras des matériels qui ont été remis dans un état proche des origines. De nombreuses associations – principalement du type loi de 1901 par opposition aux associations à caractère commercial comme la CITEV – restaurent des matériels selon la même logique, pour montrer aux différentes générations comment vivaient les populations à telle ou telle époque. A la fois pour plaire aux nostalgiques et aussi pour montrer comment on vivait dans le passé.
La logique de la CMR
La BB 25236 la CC 72084, la BB 67459, le A1A A1A 68081 et quelques autres sont dans un état proche des origines. La BB 67416, la BB 67450 et la BB 67615 sont en livrée EV. Etc… Je vais m’arrêter là parce que ma liste n’est pas à jour. SI des membres ont des infos plus récentes, vous corrigez
La logique de la CMR – hormis sa fonction de ramasser les matériels qui trainent dans des faisceaux – est de maintenir quelques engins en service avec des livrées historiques. Certaines sont anciennes, d’autres plus récentes, mais ce sont toutes des livrées qui ont existé sur les matériels concernés. Or ce n’est pas le cas de la livrée Capitole comme sur le 67613. C’est probablement cela que des responsables n’ont pas apprécié. En tout cas, c’est cela qui chiffonne certains cheminots.
Si tu veux des livrées bariolées pour faire des photos choc, il y a ce qu’il faut sur les rails français. Et il y aura tous les nouveaux matériels à venir. Tu peux même aller sur certains réseaux étrangers, tu en verras de toutes les couleurs. Avec le même objectif : se faire remarquer pour vendre un produit ou un service ou une nouvelle formule.
Je veux bien beaucoup de choses. Au chapitre des goûts et des couleurs, il y a des livrées modernes que j’aime bien, d’autres non. Sauf que ce n’est pas le sujet avec le 67613. On ne peut pas tout ramener aux seuls goûts et couleurs.
Je refuse que l’on trafique l’Histoire. Oui je sais parfaitement que de nombreux aspects historiques autres que ferroviaires ont été trafiqués au fil des siècles, en France comme dans d’autres pays. Et il ne s’agit pas de conservatisme ou d’idéologie réactionnaire. Les sociétés changent. Elles ont toujours changé. Les questions qui se posent sont : dans quelles directions les sociétés changent-elles ? Pour comprendre cela, le passé sert à éclairer le présent, et il vaut mieux identifier clairement le présent pour concevoir le futur. Savoir d’’où on vient, pour savoir où aller.
La question des livrées est un minuscule aspect. Au chapitre des traficotages de l’Histoire, ce sujet figure tout en bas de la liste. Mais il y a la question d’un principe : peut-on trafiquer l’Histoire pour se faire plaisir ?
PS : j’aime bien la livrée Capitole. Sur des UIC-Y et des BB 9200. Et beaucoup de cheminots ont aimé cette livrée.